Et la magie dû
Dessous des jupons
À l’insu du monde violent
Me garder à l’abri de regards inquisiteurs
Et la magie fut
Par dessus nos sueurs versées
Et nos luttes silencieuses
Deux mille ans de chaînes rouillées
Sabordant les fleurs de liberté
Sur les chemins de l’exil
Et la magie embrasa
Sur la blancheur torturée du coton
Et le sang épinglant les saisons blanches et sèches
Les longs cantiques nègres
Au pied des potences du maître
Oui la cuisante douleur du fouet élargissant nos plaies millénaires
Le cri nègre dans les forêts de gratte-ciels
Le sang nègre qui a bâti leurs villes
La voix nègre qui a bercé leurs fils
La peau nègre de leur effroi
Le chant nègre qui les hante jusqu’à la tombe
Et voici leurs os craquant
Sous le poing rouge de notre ras-le-bol
Dans les rues du monde
Qui pour un temps s’éveille à la colère nègre
Et la magie fut sur les lèvres
Comme un cantique nouveau
Un poème antique retrouvé
Dans les synagogues des nations
Et la magie fut dans les vers du poète
Pour redire ton cri nègre.
Nègre et idéal
Muriel Ndzana Ngah
(collectif poésie libre)